Peinture en faux-marbre sur les éclisses, table d’harmonie parsemée de fleurs, de fruits et d’animaux, système de « registres » novateur, etc., le clavecin est réalisé en Flandres en 1652, à l’époque où artistes et artisans se côtoient au sein des guildes ou corporations. Transformé en France en 1701, il reçoit alors un décor de grotesques sur fond doré et un nouveau piètement digne des pièces de mobilier de la cour de Louis XIV. Instrument des salons de musique de la haute société, il témoigne de l'importance de la facture flamande en France et de son adaptation au « goût français », nourri de multiples influences. Encore en état de jeu, l'instrument permet l'interprétation du répertoire du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle naissant, de l’art des suites de Froberger au style virtuose d'Élisabeth Jacquet de la Guerre, en passant par les préludes non mesurés de Louis Couperin. François Couperin, son neveu, prônait lui-même le mélange des styles dans son recueil Les Goûts réunis.
Auteur
Christine Laloue est conservatrice au Musée de la musique, où elle est en charge des clavecins, des beaux-arts et des archives. Après des études d'histoire à l'université Paris-Sorbonne et d'histoire de l'art à l'École du Louvre, elle devient conservatrice du patrimoine et rejoint le Musée de la musique en 1994. Ses travaux portent principalement sur la création et la transformation des clavecins, les liens entre la musique et les arts visuels.