« Toujours les mêmes étiquettes ! Vous n’en avez pas d’autres ? » C’est par ces mots que Rakki Nouha fustigeait la critique musicale qui chercha tour à tour à la classer comme compositrice postmoderne, minimaliste ou feldmanienne… Son énergie, son inventivité formelle, son goût de la provocation – qui n’était pas dénuée de convictions politiques peu majoritaires – lui valurent les succès les plus retentissants comme les échecs les plus douloureux. Aux antipodes de toute tiédeur, elle souleva les passions tout en posant avec acuité la justification de l’art musical en ces temps secs et menaçants. Critique de la folie scientifique, de l’esprit de conquête et de victoire, l’œuvre de Rakki Nouha a souvent été qualifiée de « morale ».

Née Cannes-Écluse à la fin des années 1990, Rakki Nouha fut l’« artiste météore » de la musique contemporaine, selon un propos rapporté de György Kurtág. De formation particulièrement polyvalente (instrumentiste, cheffe, compositrice, poète…) elle laissa quelques œuvres mythiques le Concerto des miettes, l’opéra Septimus, l’oratorio Contre les victoires, un cycle géant Le Chantier, opéra perpétuel… Rimbaud de la musique contemporaine, Rakki Nouha s’éloigna radicalement du métier et des projecteurs en 2025.

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